Commentaire : la fin des droits de l’homme ?
WASHINGTON, le 1ermars (C-Fam) Alors que des atrocités commises à grande échelle amènent des experts à déplorer un recul général des droits de l’homme, des mouvements de défense de l’avortement affirment qu’ils se servent de ces droits avec succès pour faire avancer leur cause.
Kofi Annan, ancien secrétaire général de l’ONU, a déclaré qu’il avait « les plus amers regrets et la plus profonde tristesse » concernant la passivité de l’ONU pendant le génocide rwandais de 1994. Michael Ignatieff envisage une « rupture » du consensus international sur la question des droits de l’homme. Le directeur exécutif de Human Rights Watch, Kenneth Roth, considère que ces droits sont déjà en recul et critique le populisme affiché par la Chine, la Russie, la Turquie, les Philippines et le Venezuela. David Rieff a déclaré que le populisme avait « contré le discours des défenseurs des droits de l’homme selon lequel le progrès était inévitable ».
Si l’on écoute ceux qui parlent des droits sociaux, on entend néanmoins plutôt parler d’un printemps des droits de l’homme.
Dans une déclaration envoyée au Conseil économique et social de l’ONU, le Centre pour les droits reproductifs a annoncé qu’il avait considérablement favorisé l’avortement en s’appuyant sur les droits de l’homme au cours des vingt dernières années.
Le Centre ne prétend pas promouvoir les droits de l’homme en eux-mêmes et déclare qu’il « se sert du droit international des droits de l’homme pour faire de la liberté procréative un droit fondamental ». L’ampleur de son action visant à assimiler l’avortement à un droit de l’homme dans le monde entier apparaît dans la déclaration envoyée tout récemment par le Centre dans le cadre de l’examen quadriennal obligatoire pour qu’il puisse conserver son statut consultatif auprès du Conseil économique et social de l’ONU. Dans sa déclaration, le Centre ne mentionne jamais l’avortement, si ce n’est sous forme d’euphémisme.
Le Centre explique qu’il a, parmi ses nombreuses actions, aidé le comité des droits de l’homme à découvrir que le droit à l’IVG était inhérent au « droit à la vie », convaincu le rapporteur spécial sur le droit à la santé de se consacrer au « droit [des adolescents] à des services de santé sexuelle et procréative complets » et amené le Conseil des droits de l’homme à considérer l’avortement comme un soin de santé maternelle.
Il y a soixante-dix ans, les atrocités qui avaient été commises ont conduit les dirigeants du monde entier à s’unir pour rédiger la Déclaration universelle des droits de l’homme, normes aux nobles ambitions, et pour créer des bureaucraties afin de la soutenir et de la faire appliquer.
Dans le domaine des droits de l’homme, la réticence des grandes puissances et la suspicion des petits pays ont paralysé une initiative baptisée « responsabilité de protéger » depuis l’an 2000. En outre, des considérations plus politiques que juridiques ont sapé l’autorité de la Cour pénale internationale.
Cependant, le haut-commissariat aux droits de l’homme, qui se trouve à Genève et compte de nombreux comités et titulaires de mandat au titre de procédures spéciales, s’est découvert un nouveau but en prenant fermement position sur des questions sociales qui n’avaient jamais été envisagées par les auteurs de la Déclaration de 1948. Le haut-commissariat a considérablement étendu son champ d’action en transformant l’« humanitarisme » et le développement en démarches « axées sur les droits fondamentaux » et s’appuie sur des organismes comme le Centre pour les droits reproductifs pour alimenter le système.
Le Centre est tellement sollicité qu’il a ouvert un bureau à Genève en 2013. Il déclare collaborer étroitement avec le haut-commissariat aux droits de l’homme afin de conseiller l’ONU sur plusieurs résolutions relatives aux droits de l’homme.
Le cadre des droits de l’homme est aujourd’hui déséquilibré. La considération pour des droits reconnus comme la vie, la liberté, la sécurité des personnes et la liberté religieuse recule, tandis que l’enthousiasme pour des droits marginaux liés à la sexualité, au changement climatique et à d’autres questions sociales grandit.
La déclaration prononcée cette semaine par Human Rights Watch devant le comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a mis en évidence cette contradiction. Après avoir condamné le gouvernement birman de manière exemplaire en présentant des témoignages de femmes violées en réunion par des soldats gouvernementaux, Human Rights Watch a suggéré au comité de surveiller la situation et de soutenir les survivantes. Il a ensuite déclaré que le comité devait demander avec insistance que ce régime meurtrier leur donne pleinement accès à des soins de santé sexuelle et procréative de qualité afin de tracer un « chemin vers la justice ». Le comité lui donnera très probablement satisfaction.
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