De grands mouvements qui défendent la planification familiale montrent comment ils agissent en faveur de l’avortement en situation de crise humanitaire

By Rebecca Oas, Ph.D. | October 24, 2019

WASHINGTON, le 24 octobre 24 (C-Fam) Plusieurs grands mouvements qui défendent la planification familiale ont récemment révélé comment ils intégraient l’avortement à leur action humanitaire. Ils l’ont dit ouvertement lors d’une manifestation organisée au Wilson Center de Washington.

Des millions de personnes dans le monde sont touchées par la guerre et les catastrophes naturelles et nombre d’entre elles sont contraintes de quitter leur foyer. Une crise humanitaire peut durer des années, pendant lesquelles les familles doivent continuer à élever leurs enfants, être soignées, envoyer leurs enfants à l’école et se protéger de la violence, qui est souvent exacerbée lorsque la situation est fragile.

Néanmoins, selon certains orateurs qui se sont exprimés lors de la manifestation en question, ce type de crise permet également de faire évoluer les normes de genre, de promouvoir la contraception et l’avortement et de mener des campagnes afin de modifier la législation relative à l’IVG. Cette manifestation était coorganisée par Save the Children, CARE, le Comité international de secours (IRC) et Family Planning 2020. Elle portait en principe sur la fourniture de services de planification familiale en situation de crise humanitaire, mais de nombreux intervenants ont évoqué leur action en faveur de l’avortement.

« Il est fréquent que les normes changent lorsque la situation est grave » a déclaré Seema Manohar, salariée de CARE, organisation qui s’efforce de miner la politique étrangère actuelle du gouvernement américain, qui est favorable à la vie. CARE s’oppose à la politique de protection de la vie dans le cadre de l’aide médicale internationale (PLGHA), qui interdit de financer des groupes internationaux pratiquant des avortements ou soutenant cette activité.

À titre d’exemple, Mme Manohar a expliqué que, dans une partie de la République démocratique du Congo, on ne pouvait auparavant se procurer que des contraceptifs à courte durée d’action. À l’occasion de l’intervention humanitaire rendue nécessaire par le conflit qui a éclaté dans la région, des méthodes à action prolongée ont pu être proposées.

Mme Manohar a déclaré que CARE pratiquait des « avortements sans risques » et a évoqué la directive intitulée Dispositif minimum d’urgence (DMU), qui recommande « l’avortement sécurisé dans toute la mesure où la loi le permet » en cas d’intervention humanitaire. CARE fait partie du comité d’orientation du groupe de travail interorganisations sur la santé procréative en situation de crise et le DMU a été élaboré par ce groupe.

En raison de la présence de l’IVG dans le DMU, celui-ci a été retiré à maintes reprises de documents ayant fait l’objet de négociations à l’ONU.

Erin Wheeler, conseillère contraception et avortement à l’IRC, a évoqué l’action de l’IRC en faveur de l’IVG pour les réfugiées vénézuéliennes présentes en Colombie. Elle a souligné que son organisation « s’efforçait d’être féministe » et pratiquait des avortements dans huit pays. En Colombie, l’IRC collabore avec des associations affiliées à l’International Planned Parenthood Federation pour permettre à des femmes d’avorter après 13 semaines d’aménorrhée. Mme Wheeler a expliqué que, à un stade moins avancé de la grossesse, son organisation donnait des pilules abortives.

Comparant la situation dans différentes régions de Colombie, elle a déclaré qu’il était plus difficile de pratiquer des IVG à Medellín, en raison de la réglementation locale et de l’attitude des professionnels de santé : « Certains soignants sont quelque peu réticents et il y a des objections de conscience. En outre, ils exigent une hospitalisation même lorsque l’avortement a lieu au premier trimestre de grossesse, ce qui nous coûte très cher. »

Mme Wheeler a expliqué que l’IRC rencontrait les dirigeants locaux afin de « modifier l’attitude du personnel » et de signaler les « retards » dans l’accès à l’IVG.

Tous les orateurs ont souligné que, parallèlement à la fourniture de services humanitaires, il importait de sensibiliser les différents acteurs. Mme Wheeler a déclaré que, pour changer une norme dans un pays, une des méthodes possibles consistait à trouver des associations qui travaillaient déjà sur la question et à les aider en mettant en place des partenariats et en les soutenant financièrement. Elle a donné l’exemple de l’action d’ensemble qui a été menée pour libéraliser l’avortement en République démocratique du Congo.

En réponse à une question posée par le public sur les conséquences de la PLGHA, Mme Wheeler a souligné que l’IRC était américain et n’était donc pas concerné par cette politique. Cette particularité était un « avantage » qui résultait de la structure du Comité.

S’agissant de la politique du gouvernement en faveur de la vie, Mme Wheeler a exprimé le même sentiment que les autres intervenants : « J’espère qu’elle disparaîtra à l’avenir. »