De nouvelles estimations de l’avortement en Inde renforcent la pression pour libéraliser rapidement la loi.

By Rebecca Oas, docteur en philosophie, et Carmel Nisha Pius Franco | January 5, 2018

WASHINGTON, DC, 5 janvier (C-Fam) Une étude récemment diffusée estime que l’avortement en Inde est vingt fois plus important que les précédentes estimations – 15,6 millions d’enfants avortés rien qu’en 2015. La nouvelle a conduit les défenseurs de l’avortement à appeler New Delhi à libéraliser encore la loi indienne sur l’avortement, au-delà de la limite de la vingtième semaine de gestation, même si la loi indienne est parmi les plus libérales de son espèce en Asie.

Publiée par l’Institut pro-avortement Guttmacher, l’étude signale que malgré la loi, la plupart de ces avortements ont lieu hors des lieux légalement approuvés et sont faits par des médicaments sans ordonnance. Cependant, un commentaire publié en marge de l’étude par The Lancet, co-rédigé par le directeur d’un institut de recherche de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur la reproduction humaine, signale que tous les avortements illégaux ne sont pas nécessairement considérés par l’OMS comme dangereux.

La loi indienne sur la fin médicale de la grossesse (Medical Termination of pregnancy Act, MTPA), adoptée en 1971, autorise l’avortement sur demande dans les douze semaines de grossesse, tandis que les avortements entre douze et vingt semaines exigent l’accord de deux médecins. Au-delà de vingt semaines, l’avortement n’est permis que pour sauver la vie de la mère.

Dans un éditorial publié sur la plateforme numérique indienne The Quint (« L’essentiel », NdT), Nikita Mishra fait valoir qu’il faut entièrement casser le MTPA. Elle note qu’à l’époque où c’est devenu une loi, les méthodes actuelles de tests prénataux n’existaient pas. « Le problème est que la plupart de ces anormalités ne sont détectées aux ultrasons qu’à partir de la vingtième à la vingt-quatrième semaine seulement, écrit-elle, et que c’est au-delà du délai légal d’avortement. »

Toute disposition légale qui pourrait limiter – même involontairement – l’accès sans entrave à l’avortement a fait l’objet d’un examen approfondi. Les partisans de l’avortement s’opposent à la nécessité de médecins pour approuver les avortements du deuxième trimestre avant vingt semaines, ainsi qu’à celle pour les mineures d’obtenir le consentement d’un responsable légal pour recourir à l’avortement. Un autre éditorial dans The Better India argumente qu’une autre loi interdisant la détermination du sexe par ultrasons pour empêcher les avortements sélectifs selon le sexe pourraient conduire les femmes à avoir recours à des avorteurs non autorisés et dangereux.

Le nombre de 15,6 millions d’avortements par an est atterrant, même en prenant en compte la grande taille de la population indienne. Le rapport fait ressortir que le taux indien de grossesses non désirées est comparable à celui du Népal et du Bangladesh, et plus bas que celui du Pakistan. Il dit qu’environ la moitié des grossesses en Inde sont non désirées, un chiffre similaire à celui des États-Unis.

Selon le rapport de The Lancet, « la grossesse non désirée est un indicateur fort du besoin d’améliorations des services de contraception », et il cite un nombre de 13% de femmes mariées en Inde qui auraient des « besoins non satisfaits » de planification familiale. Pourtant, un autre rapport d’étude de l’Institut Guttmacher signale seulement 4% de femmes en Inde avec des « besoins non satisfaits » et cite le manque d’accès aux contraceptifs comme raison de leur non-emploi. L’étude de The Lancet reconnaît qu’un autre facteur peut être l’inconsistance « de la force de la motivation des couples à avoir de petites familles ».

Le rapport conclut par des recommandations en accord avec le plaidoyer plus large de l’Institut Guttmacher, comprenant l’augmentation des avorteurs légaux en formant les infirmiers et les sages-femmes à la pratique de l’avortement. Les auteurs affiliés à l’OMS du commentaire qui  l’accompagne demandent également des stratégies pour diminuer la stigmatisation de l’avortement et « simplifier les besoins de formation ».