Des Activistes Réclament l’Avortement dans la Résolution sur la Couverture Universelle de Santé, les USA le Repoussent

By Rebecca Oas, Ph.D. | February 8, 2019

WASHINGTON D.C., le 8 février (C-Fam), les États-Unis ont repoussé les tentatives d’insertion de l’avortement dans la résolution de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur la couverture universelle de santé, lors de la rencontre du conseil d’administration de l’agence qui vient de se conclure.

Le conseil d’administration a adopté la résolution le 1er février. Le problème est devenu une priorité pour les agences de l’ONU.

La résolution mentionnait des accords internationaux pour fournir “un accès universel aux services de soins de la santé sexuelle et reproductive” et “l’intégration de la santé reproductive dans les stratégies et programmes”. Cela a déclenché un intense débat à huis-clos. Après son adoption, les USA se sont dissociés de la terminologie “santé reproductive” qui a “évolué pour inclure l’avortement”. La déclaration des délégués US expliquait qu’un tel langage avait été utilisé pour forcer les pays à changer leurs lois sur l’avortement et normaliser l’activité sexuelle des adolescents.

La résolution sera présentée pour adoption par l’OMS qui se réunira à Genève en mai de cette année.

Les défenseurs de l’avortement étaient aussi déçus de la résolution qui, selon eux, n’allait pas assez loin pour promouvoir un accès universel à l’avortement. Women Deliver a déclaré que la discussion sur les soins universels serait “infructueuse” si elle n’incluait pas “la santé et les droits sexuels et reproductifs (SDSR)” qui “incluent… l’accès à des avortements sûrs [et] une éducation sexuelle complète”. C’est une formulation différente de celle incluse dans la résolution.

D’autres groupes pro-avortement ont soumis des déclarations au conseil d’administration réclamant des gouvernements de retirer “les lois qui pénalisent certains services comme l’avortement [et] les exigences de consentement de tiers, tels que les parents ou le conjoint”.

Malgré une rafale d’éditoriaux exprimant leurs listes de vœux, les féministes et les défenseurs de l’avortement ont admis avoir échoué à atteindre la plupart de leurs buts dans la résolution finale. Par exemple, lors de la réunion du conseil, les Pays-Bas ont été déçus que le rapport de l’OMS sur l’atteinte des objectifs de l’ONU pour 2030, incluant les Objectifs de Développement Durable, se réfère à l’Objectif 3 sur la santé et non à l’Objectif 5 sur l’égalité des genres.

Tandis que quelques pays européens et des organisations pro-avortement étaient catégoriques sur le besoin d’inclure les SDSR, l’enthousiasme n’était guère répandu. Le principal débat se focalisait sur des problèmes tels que faire cohabiter les droits de propriété intellectuelle avec la provision d’accès aux médicaments pour tous.

Pendant ce temps, le combat autour du langage SDSR continuera à l’Assemblée Générale de l’ONU. En décembre, l’ONUa décidé de tenir sa première réunion de haut-niveau sur la couverture universelle de santé durant 2019.

La violente condamnation de la terminologie “santé reproductive” de la part des délégués US décrit précisément la façon dont des mots apparemment innocents dans d’obscures résolutions peuvent avoir des effets nocifs à travers le monde. Mais ces mots restent cependant dans la résolution. La dissociation des USA n’empêche en rien l’OMS de promouvoir l’avortement dans d’autres pays. La phrase “santé reproductive” est largement interprétée comme incluant l’avortement, tant aux USA qu’internationalement. Par exemple, la récente loi de l’État de New York étendant les droits à l’avortement est intitulée “Loi sur la Santé Reproductive”.

Les États-Unis ont pris une position similaire l’an passé lors de la Déclaration d’Astana sur les soins de première nécessité. Tandis que la phrase “santé reproductive” apparaissait dans la déclaration, les USA ont insisté sur l’inclusion d’une note de bas de page pour clarifier. Ils ont rappelé l’avertissement de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement de 1994 qui établissait que “en aucun cas l’avortement ne devrait être promu comme une méthode de planning familial”.

Il reste à voir si les USA vont aller au-delà des affirmations et de la dissociation sur le langage et bloquer le consensus sur un accord en vue de s’assurer que la phrase controversée soit effacée.

Traduction: Christophe Emery