Des Super Bureaucrates causent du remue-ménage au siège des Nations-Unies

By Stefano Gennarini, J.D. | August 18, 2017

NEW YORK, 18 août (C-Fam) Le sujet le plus chaud de l’été au siège des Nations-Unies pourrait bien n’être pas la crise en Corée du Nord mais le plan du nouveau Secrétaire Général, Antonio Guterres, pour reformer le système de développement des Nations-Unies. Alors que les États membres des Nations-Unies ont pu agir ensemble vis à vis de la Corée du Nord, il leur reste encore à se mettre d’accord sur la manière de procéder avec le plan de Guterres.

Pendant une réunion spéciale destinée à discuter le plan en juillet, le représentant permanent adjoint de Russie, M. Sergei Kononuchenko, a décrit le plan comme « une vision hautement controversée » et une « extension injustifiée de l’autorité du secrétariat ».

Guterres a dit aux États que son plan allait concentrer les pouvoirs politiques et administratifs entre les mains d’un coordinateur régional dans chaque pays avec un « rôle de supervision directe de toutes les activités des Nations-Unies ». Jusqu’à maintenant, les coordinateurs régionaux étaient à peine plus que des intermédiaires officiels entre les États, les agences des Nations Unies et les organismes de financement.

Selon la réforme Guterres, un coordinateur régional à la barre d’une « nouvelle génération » d’équipes des pays des Nations-Unies aurait le pouvoir de diriger le travail du système entier des Nations-Unies dans le pays où il est affecté. Les bureaucrates lèveraient des fonds et diraient aux gouvernements comment utiliser leur propre argent et assistance à l’étranger pour optimiser la mise en place de l’Agenda 2030.

Kononuchenko a alerté sur le fait que les propositions vont « transformer » les coordinateurs régionaux en acteurs politiques et « bureaucratiser encore plus » le système de développement des Nations-Unies. Particulièrement, il a dénoncé cela comme une « tentative d’affaiblir le contrôle du système par les États membres » et a objecté que la réforme aurait pour résultat une « norme politiquement motivée pour les opérations » qui vise à éviter l’approbation de la programmation des Nations-Unies au niveau du pays.

Guterres a rejeté les accusations. Tout en admettant que l’interprétation de la Fédération de Russie était « possible » et qu’il « la respectait pleinement », il a nié toute intention de « centraliser ou de politiser le système ».

Guterres a répliqué que la réforme est conçue pour accroître la responsabilisation à la fois au siège des Nations-Unies et au niveau national. Il a dit que les coordinateurs régionaux seraient agréés par les pays avant de prendre leurs fonctions – même s’il n’a pas traité de la manière dont ils pourraient être tenus pour responsables une fois en fonction. Il a promis que la réforme créerait un mécanisme pour que le système des Nations-Unies devienne plus réactif aux priorités nationales par opposition aux priorités des donateurs.

Pourtant, ce sont des pays donateurs, comprenant le Canada, le Japon, le Royaume-Uni, l’Allemagne et les États-Unis qui ont exprimé jusqu’à présent leur soutien au plan. La plupart des pays en voie de développement ne sont pas entrés dans la discussion sur les mérites de la proposition de Guterres, en admettant qu’ils aient été pris au dépourvu par la publication de la proposition lors de la fin de semaine précédant le 4 juillet.

Parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, représentant 127 nations en voie de développement, l’ambassadeur de l’Équateur a décrit le rapport du Secrétaire Général comme « non classique ».

« Il n’est pas seulement technique. Il présente une vision, un rêve, une philosophie, des positions politiques, a-t-il dit avec forme et emphase ». « C’est digne d’éloges, a-t-il ajouté prudemment, parce que l’organisation a besoin d’être bousculée. »

D’autres pays en voie de développement ont reconnu le besoin de réformer la bureaucratie onusienne. L’ambassadeur du Mexique a en particulier dit que la « complexité institutionnelle du système des Nations-Unies a évolué de manière anarchique et arbitraire. »

La proposition finale de Guterres est attendue en décembre. Des consultations entre le Secrétaire Général et les États membres sont en cours.