Le Pacte Mondial sur les migrations boitille vers l’adoption

By Stefano Gennarini, J.D. | August 3, 2018

NEW YORK, le 3 août (C-Fam) C’est avec un sentiment de malaise et d’inquiétude que les pays ont salué l’avènement d’un nouvel accord sur les migrations au quartier général de l’ONU la semaine dernière.

« Nous avons prouvé que le multiculturalisme est très vivant » tonnait le président de l’Assemblée Générale Miroslav Lajčák, tandis que les ambassadeurs et les délégués saluaient la fin des négociations pour le Pacte mondial pour la migration en sécurité, disciplinée et normale, premier cadre international qui traite des migrations.

Dans ce qui était indubitablement sensé être une réprimande à peine voilée du retrait du mondialisme de l’administration Trump vers une focalisation accrue sur la diplomatie bilatérale, plusieurs États ont fait écho aux points de discussions de Lajčáksur le multiculturalisme et sur le caractère historique de l’accord.

Même si l’accord est largement vu comme favorisant une approche douce du contrôle des frontières, Lajčák insiste sur le fait qu’il « n’encourage pas les migrations » et qu’au contraire, il cherche le « bon équilibre entre les droits des gens et la souveraineté des États ».

Le ministre hongrois des Affaires Étrangères Peter Szijjarto, qui assistait aux négociations finales, a manifesté son désaccord en disant que l’accord contenait de nombreux éléments qui encouragent l’émigration, dont la notion d’un droit à émigrer.

« Nous ne pensons pas que quiconque puisse avoir un droit à prendre un pays comme destination », a-t-il dit en ajoutant que pour la Hongrie, l’émigration est essentiellement un problème de sécurité et ne concerne pas les droits de l’homme.

L’accord engage les pays à fournir aux migrants un minimum de services sociaux et de sécurité sociale, ainsi qu’à établir une coopération entre États pour faciliter l’émigration et le rapatriement, le rapprochement familial, et pour combattre le trafic d’êtres humains. Il institue également un mécanisme de construction de capacité au sein des Nations Unies et une procédure de suivi de l’accord tous les quatre ans par l’Assemblée Générale.

De manière évidente, un engagement en faveur de la « santé sexuelle et reproductive » est absent de l’accord, ce terme qui est devenu omniprésent dans les accords récents de l’ONU mais n’est pas mentionné, du moins expressément, comme une partie des soins de base prévus être fournis par l’accord. Cependant, l’accord s’incline devant les bureaucrates internationaux et suggère que les pays suivent un guide de l’Organisation Mondiale de la Santé, qui inclut la santé sexuelle et reproductive comme un composant de base de la santé pour les migrants.

Le plaidoyer de Lajčáken faveur du multiculturalisme est d’autant plus compréhensible qu’il est originaire de Slovaquie, pays membre du groupe de Višegrad avec la Pologne, la Hongrie, la République Tchèque et l’Autriche. L’un des buts de ce groupe est de renforcer les frontières en réaction de méfiance vis-à-vis des diktats allemands via la Commission européenne. Il serait embarrassant que l’accord sur lequel il a travaillé si dur soit rejeté par son propre pays.

L’accord est très controversé parce que l’émigration n’est pas seulement un problème politique sensible, mais aussi une question où les prérogatives souveraines sont largement comprises comme étant maximales. En droit international, le contrôle des frontières est un attribut déterminant de la souveraineté. De nombreux États ont indiqué le mois dernier qu’ils allaient étudier attentivement l’accord avant de prendre une décision finale concernant son adoption.

Même si l’accord n’est que politique et ne lie pas les États, les États-Unis se sont retirés des négociations sur l’accord mondial en décembre dernier. Le mois dernier, la Hongrie et l’Australie ont annoncé qu’elles ne feraient pas partie de l’accord, dont l’adoption formelle est prévue lors d’un sommet mondial à Marrakech en décembre. Indépendamment de leur décision, des États peuvent accepter de rejoindre le Pacte à une date ultérieure, lorsqu’une dynamique politique différente favorisera le ralliement à l’accord.