Opinion : Si la planification familiale est la solution, quel est le problème?

By | May 4, 2018

Washington, D.C., 4 mai (C-Fam) Quel est le problème que les organisations confessionnelles et les groupes de planification familiale essaient de résoudre ensemble, et comment sauront-ils si et quand ils ont réussi?
Selon les panélistes lors d’un récent événement du Centre Wilson coparrainé par World Vision, « un sain timing et espacement des grossesses » (STEG) est un moyen d’encadrer la planification familiale plus acceptable pour les nombreuses organisations confessionnelles qui fournissent une aide internationale, et les populations souvent conservatrices qu’ils servent. Mais c’est aux soignants religieux et confessionnels de déterminer si la STEG dans la pratique est une approche transformative d’une question profondément sensible ou simplement un euphémisme attrayant pour les affaires, comme souvent pour le mouvement de plaidoyer en faveur de la planification familiale.

Si les personnes et les organisations religieuses adhèrent au message du STEG, c’est parce qu’il est axé sur la santé et la dignité humaine, la maternité sans risque et la survie de l’enfant. Comme l’a déclaré la directrice de la santé de l’USAID (United States Agency for International Development, l’agence américaine pour le développement international), le Dr Alma Golden, ceci intervient dans le contexte des « soins centrés sur la famille », et pas seulement de la planification familiale. Il incorpore les premiers mille jours clés de la vie d’un enfant – commençant dans l’utérus – et met l’accent sur la valeur pour la mère et l’enfant de l’allaitement au cours des deux premières années.

Il est clair que les organisations confessionnelles sont une composante inestimable de l’aide internationale, à la fois par leur générosité et leur engagement à aider les autres et leurs relations communautaires profondes et confiantes. Des institutions académiques affiliées à la religion comme l’Université de Georgetown ont également joué un rôle crucial dans le développement de bases factuelles pour les méthodes naturelles et non contraceptives de la planification familiale, qui sont acceptables à la fois par les prestataires et les bénéficiaires ayant des objections religieuses à d’autres méthodes.

Néanmoins, les controverses demeurent. Comme l’a souligné Victoria Jennings, professeure à Georgetown, l’avortement et la planification familiale « restent malheureusement liés dans l’esprit de beaucoup de personnes ». Peut-être encore plus malheureusement pour les groupes confessionnels travaillant sur la planification familiale, les organisations partenaires qui cherchent sérieusement à éliminer ce lien sont rares. En effet, de nombreuses organisations de planification familiale font du lobbying contre la politique américaine de Mexico et l’amendement Helms, qui établissent une distinction entre les deux.

Beth Schlachter, directrice de FP2020 (Family Planning 2020), a déclaré que la raison pour laquelle il n’y a pas de « GAVI ou Fonds mondial pour la santé reproductive des femmes » est que «l e monde ne mettra pas ses fonds en commun avec les États-Unis » en raison des restrictions pour financer les groupes abortifs.

Mais si le GAVI et le Fonds mondial existent pour lutter contre les épidémies de maladies infectieuses, où est la crise que seule la planification familiale peut résoudre, et non sans rompre les liens avec les promoteurs de l’avortement ?
Les preuves présentées lors de cet événement suggèrent que les interventions communautaires peuvent augmenter l’utilisation de la contraception et la connaissance des différentes méthodes. Si cela a été lié de manière causale à l’augmentation de l’espacement des naissances et à l’amélioration de la survie maternelle et infantile, ces données n’ont pas été montrées. Tous les résultats présentés provenaient de pays d’Afrique subsaharienne – une région notoirement connue pour sa fécondité élevée, mais aussi le fait qu’elle tend à avoir un plus grand espacement des grossesses que d’autres régions en voie de développement, y compris dans les grandes familles, et un pourcentage plus bas de grossesses classées comme involontaires par rapport aux autres régions. Comme dans le reste du monde en voie de développement, le manque d’accès n’est pas une raison majeure pour laquelle les femmes et les couples n’utilisent pas la planification familiale.

Si les groupes confessionnels veulent vraiment promouvoir un bon déroulement des grossesses à travers des interventions de timing et d’espacement, alors l’utilisation accrue de contraceptifs devrait être considérée comme un moyen et non comme une fin – et seulement si elle est liée à l’amélioration de la survie maternelle et infantile. Pour que la foi et la planification familiale soient des amis et non des ennemis, le partenariat « Sain timing et espacement des grossesses » (HTSP) doit être un paradigme transformateur, pas seulement une feuille de vigne pour financer davantage les groupes de planification familiale qui reçoivent déjà des milliards de dollars de financement américain chaque année.