Une Commission des Nations Unies se clôture dans l’acrimonie, avec des accusations de harcèlement et d’intimidations.

By Rebecca Oas, Ph.D. | March 23, 2019

NEW YORK, 23 Mars (C-Fam) La négociation la plus controversée de l’année aux Nations Unies s’est terminée vendredi après-midi par une âpre dispute entre l’Arabie Saoudite, le Bahreïn et la présidente irlandaise de la commission à propos de la procédure utilisée pour l’adoption d’un accord sur les protections sociales des femmes.

“Nous faisons un appel pressant à la présidence et exigeons de recevoir des explications adéquates” a déclaré le délégué du Bahreïn, Mohamed Al-Faris, qui ajouta “vous n’avez fait que donner votre coup de marteau et le document a été adopté.”

L’ambassadrice du Kenya, Koki Muli Grignon, a présenté les conclusions approuvées pour être adoptées alors que l’Arabie Saoudite et le Bahreïn n’avaient pas donné leur accord sur le document. L’ambassadrice irlandaise, Géraldine Byrne Nason, a demandé l’adoption du document en faisant fi des objections qu’ils ont présentées.

Comme d’ordinaire à la Commission sur la Condition Féminine, les questions sous-jacentes portaient sur des désaccords en matière d’avortement, d’homosexualité et autres sujets controversés. Le président de ces instances a souvent recours à ce que beaucoup de délégations considèrent comme des tactiques sournoises pour arracher un accord.

Il s’ensuivit que les délégations de l’Arabie Saoudite et du Bahreïn quittèrent bruyamment la séance après ce désordre procédural. Al-Faris a déclaré au Friday Fax que les deux délégations  entendent donner suite et porter plainte officiellement auprès de la Commission sur la Condition Féminine et du Conseil Économique et Social.

La manœuvre procédurale de la présidente irlandaise de la commission a pris toutes les délégations au dépourvu, y compris l’Arabie Saoudite et le Bahreïn. D’autres délégations ont exprimé leur confusion et leur étonnement que Nason ait demandé l’adoption une fois que les objections du Bahreïn et de l’Arabie Saoudite ont été portées à sa connaissance. Le véritable esprit des conclusions concertées est qu’elles sont supposées faire consensus.

“Que s’est-il passé au cours du processus de ce jour ?” a demandé le délégué des Comores.

La réponse du secrétariat et de l’ambassadrice irlandaise a été qu’il n’y avait pas eu d’objection pour l’adoption. Selon la procédure, elle pouvait se prévaloir de ses droits, mais la présidente a semblé soucieuse et mal à l’aise pendant le reste de la réunion.

La dispute sur l’adoption de conclusions concertées a aussi déclenché un débat sur l’usage de menaces et de pressions pour forcer des délégués à accepter un accord aux Nations Unies.

Koki Muli, qui était responsable des négociations, a dit avec émotion qu’elle avait eu à subir des intimidations et des harcèlements et qu’elle avait craint pour sa vie au cours des négociations.

“Je n’ai été approchée par personne. Mais je me suis sentie intimidée par des gens” a-t’elle déclaré.

Une déléguée a dit au Friday Fax que dans les négociations en séances restreintes auxquelles elle faisait allusion, c’était des groupes pro-vie opposés à “la santé sexuelle et reproductive” et à “l’éduction complète à la sexualité” qui la harcelaient.

De nombreuses délégations ont exprimé leur sympathie à Koki Muli, y compris des délégations qui ont des positions pro-vie, mais elles ont aussi déploré la façon dont des gouvernements donateurs menacent et intimident les délégués à New York lorsqu’ils n’acceptent pas les termes liés à l’avortement, les questions LGBT, et les tentatives de redéfinition de la famille dans les accords des Nations Unies.

Monseigneur Tomasz Grysa du Saint Siège s’est exclamé avec force “De nombreux délégués ont été victimes de harcèlement et d’intimidations au cours de la session passée. Ils ont été menacés et on a téléphoné à leurs capitales. Cette manière d’agir est scandaleuse !”

Il a ajouté “Les personnes ne devraient pas souffrir parce qu’elles font leur travail.”

Le délégué du Bahreïn a déclaré qu’il a été “harcelé et intimidé par des hauts fonctionnaires des Nations Unies” et menacé jusqu’à la capitale auprès la famille royale. Il a réclamé “des excuses officielles.”

Les délégations saoudiennes et bahreïniennes se sont plaintes du langage utilisé dans l’accord à propos de la santé sexuelle et reproductive comme un moyen de promouvoir l’avortement, de l’absence de toute mention de la famille “en tant qu’élément naturel et fondamental de la société” conforme à la loi internationale, et le manque d’une quelconque référence à l’importance de la souveraineté. Et ils déplorèrent que Koki Muli n’ait pas tenu compte de leurs demandes et ait attendu jusqu’au dernier moment des négociations pour discuter des sujets controversés.

Ils n’étaient pas les seuls à exprimer une absence de consensus sur la terminologie liée à l’avortement, sur l’attention insuffisante à la famille, et sur les négociations et la procédure d’adoption biaisées.

La Saint Siège, les États Unis, le Guatemala, les Comores, le Bahreïn, la Biélorussie, le Cameroun, Djibouti, la Libye, l’Indonésie, l’Iran, l’Iraq, la Gambie, la Malaisie, la Mauritanie, le Nicaragua, le Pakistan, la Fédération de Russie, le Soudan, la Zambie, le Zimbabwe, ont fait part des mêmes inquiétudes.