Les solutions à la guerre des femmes africaines se heurtent au programme des féministes.
NEW-YORK, 6 Novembre, (C-Fam). Quand le Conseil de Sécurité de l’ONU adopta sa dernière résolution, le mois dernier, sur le rôle des femmes dans la construction de la paix internationale et dans la sécurité, un affrontement typique d’opinions entre les femmes s’est fait ressentir. Concrètement, les féministes qui dirigent les politiques internationales, s’affrontent aux femmes qui vivent les réalités des zones de conflit.
Lors d’une table ronde organisée par le Liechtenstein, une féministe très connue a montré son inquiétude sur le fait que le mouvement émergeant pro-famille à l’ONU, entrerait en conflit avec ses attentes sur le Programme pour les Femmes, la Paix et la Sécurité (WPS). En parallèle, un autre membre de la table ronde, du Nigéria priait instamment le public de prendre en considération les contextes culturels dans les pays, en faisant référence aux tentatives d’imposer le changement culturel comme faisant partie d’une construction de paix « non durable ».
« En ce moment, les féministes déambulent à grands pas dans les salons du pouvoir » dit la Professeur Anne-Marie Goetz, ancienne membre d’ONU Femmes. Dans tous les cas, déclara-t-elle, une scène géopolitique changeante et une augmentation de l’extrémisme violent a donné comme résultat une « revalorisation des valeurs extrêmement conservatrices ». Elle cita le groupe formé récemment « Groupe des Amis de la Famille », de l’ONU, en le décrivant comme étant « à la recherche d’une vision romantique traditionnelle, assez rigide et hétéro-normative de la famille ».
Goetz exprima des inquiétudes similaires (que l’activisme de WPS se concentrait trop sur la sécurité et pas suffisamment sur « l’attaque du patriarcat »), lors d’une conférence l’année dernière, où elle admit également que les documents de WPS ne mentionnaient pas l’avortement, bien qu’elle insista sur le fait que celui-ci « se sous-entendait » et « on assumait » qu’il était inclus.
Goetz insista, à plusieurs reprises, sur l’importance d’augmenter le financement des groupes féministes internationaux, non seulement pour des projets concrets, mais aussi parce qu’ils « ont besoin d’accéder aux organisations internationales et aux structures institutionnelles de politique extérieure ». D’autre part Goetz décrivit l’avortement comme ayant un manque de financement, à cause de sa nature polémique.
Son collègue de table ronde posa une vision tout à fait différente. Joy Onyesoh, Président de la Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté, parla des femmes au Nigéria, qui forment les membres de leurs communautés sur la construction de la paix et la prévention des conflits au niveau local. Il parla de la façon dont les femmes se sont organisées pour empêcher la violence lors des élections qui ont eu lieu récemment au Nigéria, en permettant à plus de personnes, et spécialement à plus de femmes, de participer au processus politique en toute sécurité.
Il décrivit également, comment les femmes dans le nord du Nigéria s’affrontaient aux menaces de Boko Haram et organisaient des réseaux de communication pour envoyer des alertes entre les communautés sur les dangers potentiels, sans recevoir aucune aide du gouvernement. « Il ne s’agit pas de financement », déclara Onyesoh, « parce que pour elles c’est une question de survie ».
Lors de la phase de débat de la table ronde, Onyesoh décrivit les femmes nigériennes qui utilisent « leurs rôles traditionnels de mères, d’aide-auxiliaire, pour parler à leurs enfants et à leurs maris », en les priant de ne pas s’unir aux groupes militaires. « Nous avons nos propres méthodes traditionnelles de faire que nos hommes restent à la maison, si nous voulons vraiment qu’ils y restent »
Goetz admit qu’à part ce qu’Onyesoh disait, « il est très difficile de trouver de bons exemples sur la façon d’impliquer les femmes pour contrecarrer la violence extrémiste » sans aides extérieures visibles qui peuvent mettre les femmes dans des situations dangereuses. Malgré cela, elle exprima ses doutes quant au fait que ces initiatives se basent sur un « rôle basique et très traditionnel » des femmes en tant que mères et épouses.
Onyesoh termina ses commentaires par un appel énergique à la communauté internationale afin qu’on ne fasse pas de suppositions sur ce dont les femmes qui sont sur le terrain ont réellement besoin et sur ce qu’elles veulent. Il mit en garde contre les interventions qui pourraient être non-durables et qui finissent par condamner à l’ostracisme les constructrices de la paix féminines, dans leurs propres communautés.
« Nous devons nous interroger sur nous-mêmes : A quel développement faisons-nous allusion ? A quelle autonomisation ? dit-il. Si l’autonomisation génère de nombreuses réponses négatives, et si parfois elle en vient à assassiner les femmes, ce n’est en rien de l’autonomisation ».
Traduit par Laetitia de Rendinger
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