ANALYSE : L’Assemblée générale négocie l’avenir de l’ONU
NEW YORK, 24 mai (C-Fam) L’Assemblée générale négocie deux accords majeurs sur l’avenir de l’organisation et du monde en général. Les accords pourraient concentrer le pouvoir sur le Secrétaire Général de l’ONU d’une manière jusqu’alors imprévue. Certains y verront une étape majeure vers un gouvernement mondial unique.
Le décor est planté pour certaines des négociations les plus importantes aux Nations Unies depuis peut-être une génération. Le « Pacte pour l’avenir » élargirait les pouvoirs et la portée du système des Nations Unies, tandis que le « Pacte numérique mondial » régirait la technologie numérique, y compris l’intelligence artificielle émergente pour le monde entier.
Les premières versions ont été distribuées plus tôt cette année. Les gouvernements ont fourni leurs premières réponses en avril. Désormais, à partir de la semaine prochaine, ils négocieront les accords.
Le “Pacte pour l’avenir” devrait positionner le système des Nations Unies pour tout ce qui remplacera l’ “Agenda 2030 pour le développement durable”, qui expire dans six ans. Même si aucun des 17 objectifs universels et des 169 cibles convenus par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 2015 n’ont été atteints, les États membres de l’ONU se tournent déjà vers la suite.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a fait plusieurs propositions, qu’il a qualifiées de nécessaires pour créer une ONU « 2.0 ». Les changements apportés au système des Nations Unies accorderaient de plus grands pouvoirs au Secrétaire général, notamment la création d’une plateforme d’urgence pour doter son bureau du pouvoir et des ressources nécessaires pour coordonner la réponse des Nations Unies aux chocs et aux urgences liés à l’économie, aux conflits, au climat, à la santé et d’autres urgences.
Guterres a également proposé le développement d’une infrastructure publique numérique, y compris des initiatives de connectivité universelle et d’identité numérique dans le but de fournir des soins de santé et d’autres services publics, et de mesurer l’efficacité des politiques publiques en temps réel. Il a également proposé des mécanismes permettant aux Nations Unies d’entretenir des relations directes et permanentes avec les législatures nationales afin d’élaborer des lois et des politiques conformes aux objectifs internationaux.
Ces réformes s’appuieraient sur les concentrations de pouvoir déjà sans précédent au sein du Secrétariat Général de l’ONU grâce à des réformes du système de développement de l’ONU à partir de 2019, qui donneraient au Secrétaire Général de l’ONU un mot à dire directement sur les décisions de politique nationale interne et lui permettraient d’utiliser l’ensemble du système de l’ONU en tant que levier pour faire pression sur les gouvernements afin qu’ils adoptent des politiques de type onusiennes.
Un deuxième accord régissant toutes les plateformes technologiques, y compris l’intelligence artificielle, est également en cours de négociation. C’est ce qu’on appelle le “Pacte numérique mondial”. Le Pacte numérique mondial ne serait pas contraignant, mais il aurait une force de persuasion importante. L’objectif de l’accord est de promouvoir de nouvelles technologies compatibles entre elles et accessibles à tous.
Du côté négatif, l’accord promet un contrôle social mondial à travers la coopération internationale afin de supprimer certains types de messages et en promouvoir d’autres. Tout cela sous le signe de la lutte contre l’information mensongère, la désinformation, les discours de haine et la protection des droits de l’homme. Les entreprises technologiques soutiennent expressément ce type de modération de contenu et ce langage en faveur de la censure et cela est déjà présent dans plusieurs résolutions de l’ONU, y compris une résolution parrainée par les États-Unis sur l’intelligence artificielle adoptée cette année.
Les entreprises technologiques, pour leur part, sont incitées à être gouvernées par des mécanismes volontaires moins transparents, sans sanctions pénales ou civiles. Le Pacte numérique mondial donnera une légitimité à leur engagement déclaré en faveur de la responsabilité sociale sans aucune condition. En fait, de grandes entreprises technologiques comme Meta et Microsoft, qui autrement ne sont jamais présentes au siège de l’ONU, ont participé activement et soutenu les consultations ayant abouti à la première version du Pacte numérique mondial.
Les deux accords devraient être finalisés cet été et adoptés lors du “Sommet du Futur”, qui se tiendra en septembre lors de l’Assemblée générale. Le pape François a été invité par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à se rendre une deuxième fois aux Nations Unies et à donner sa bénédiction au sommet.
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