Au Congrès, une manifestation est consacrée aux liens entre la traite des êtres humains et la santé

By | May 18, 2018

WASHINGTON, le 18 mai (C-Fam) Les femmes majeures ou mineures qui ont fait l’objet d’une traite à des fins d’exploitation sexuelle souffrent d’un grand nombre de problèmes de santé physique dus à des viols et à des actes de violence répétés. Les conséquences émotionnelles et psychologiques perdurent longtemps après qu’elles ont pu échapper aux trafiquants. Quatre-vingt-dix pour cent des anciennes victimes interrogées dans le cadre d’une étude américaine novatrice ont déclaré avoir eu des contacts avec des prestataires de soins pendant qu’elles étaient exploitées. Or, peu de prestataires ont suivi une formation adéquate pour reconnaître les éventuelles victimes et encore moins pour gagner la confiance de patients traumatisés afin de pouvoir les aider.

Mercredi dernier, au Sénat américain, une manifestation d’une demi-journée a été consacrée aux liens entre la traite des êtres humains et la santé, une importance particulière étant accordée à la protection des femmes majeures ou mineures ayant fait l’objet d’une traite et des enfants qu’elles ont souvent eus dans ce cadre. Coorganisée par C‑Fam, Global Centurion et un grand nombre d’organisations partenaires, elle a donné lieu à des témoignages d’anciennes victimes, de spécialistes médicaux, d’experts et de responsables locaux qui luttent pour faire disparaître cette forme moderne d’esclavage. Le sénateur James Lankford (Oklahoma) et le représentant Chris Smith (New Jersey) sont également intervenus.

Tanya Street est une ancienne victime de la traite qui a travaillé dans des centres d’aide pour femmes enceintes en difficulté. Elle s’est déjà exprimée en public et est apparue dans des documentaires pour faire connaître à la population les réalités de la traite. Elle a souligné que les prestataires de soins devaient faire preuve de respect et de compassion pour les éventuelles victimes et tenir compte des traumatismes subis pour pouvoir développer une véritable relation humaine et instaurer la confiance.

Le docteur Jeff Barrows a encouragé les différents acteurs à s’intéresser à la procédure d’agrément suivie par les hôpitaux pour bénéficier des fonds fédéraux et à demander qu’une formation portant sur la traite des êtres humains fasse partie des conditions d’agrément. Il a reconnu que les médecins et les infirmières disposaient de peu de temps et a proposé que les hôpitaux emploient un spécialiste à plein temps qui pourrait engager un dialogue plus profond avec les éventuelles victimes de la traite.

Plusieurs anciennes victimes ont évoqué les désastreuses conséquences physiques et mentales de ce qu’elles avaient vécu et ont souligné qu’elles avaient gardé le silence par honte et par peur de ne pas être crues. Elles ont aussi affirmé avoir subi plusieurs avortements forcés, ce qui n’est pas inhabituel selon les chiffres d’une enquête présentée par Laura Lederer, présidente de Global Centurion. Cette dernière a fait observer que près de 84 % des anciennes victimes avaient déclaré avoir avorté dans un établissement de santé, mais que les prestataires n’avaient pas pris conscience de leur situation réelle ou avaient fermé les yeux. Le docteur Donna Harrison a raconté une histoire qui s’est produite dans l’Alabama : une fillette de treize ans a subi deux avortements en l’espace de quatre mois, et pourtant l’établissement du Planning familial où elle s’est rendue ne l’a pas interrogée pour savoir si elle avait subi des atteintes sexuelles et n’a pas signalé son cas aux autorités.

La traite est un problème mondial et les États-Unis ont un rôle important à jouer pour lutter contre ce phénomène dans le pays et à l’étranger. Michelle Bekkering (USAID) a présenté certaines des actions engagées par son administration et le gouvernement Trump pour permettre aux femmes majeures et mineures d’autres pays de suivre une formation et d’accéder à un emploi afin qu’elles soient moins exposées au risque d’exploitation.

L’aide aux femmes majeures et mineures exploitées sexuellement fait l’objet d’un débat politique entre les associations qui considèrent l’avortement comme une forme d’aide aux victimes et celles qui le considèrent comme partie intégrante des maux qui les accablent, et entre celles qui qualifient la prostitution de travail légitime et celles qui cherchent à l’abolir.

Le sénateur Lankford, dont les collaborateurs ont facilité l’organisation de la manifestation, a relevé l’importance de la demande en matière d’exploitation sexuelle : « Cette question est systématiquement abordée dans le cadre du trafic de drogue, mais jamais pour la traite d’êtres humains. »