Groupe d’experts des Nations Unies : « Services de santé sexuelle et reproductive » comprend « Avortement légal en toute sécurité» »

By Rebecca Oas, Ph.D. | May 29, 2020

WASHINGTON, DC, 29 mai (C-Fam). Un groupe des droits de l’homme des Nations Unies a critiqué plusieurs États américains parce qu’ils ont déclaré cette semaine que l’avortement était un service non essentiel pendant le confinement lié au COVID-19, en affirmant que « l’avortement légal et sûr » est un élément clé des « prestations de service de santé sexuelle et reproductive ». Le groupe a également dénoncé une récente lettre du chef de l’agence des États-Unis d’aide à l’étranger appelant à la suppression de l’expression « santé sexuelle et reproductive » d’une résolution de l’Assemblée mondiale de la santé.

La déclaration est venue du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles, qui fait partie des Procédures Spéciales du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Les États-Unis se sont retirés du Conseil en 2018. La déclaration a ensuite été approuvée par les rapporteurs spéciaux des Nations Unies, dont le mandat couvre la santé et la violence à l’égard des femmes. Celles-ci font partie des Procédures Spéciales de l’ONU.

La lettre de John Barsa, directeur par intérim de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), a été adressée au Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, le pressant de veiller à ce que l’ONU « reste concentrée sur les interventions vitales » et ne favorise pas l’avortement.

En réponse, le porte-parole de Guterres, Stéphane Dujarric, a insisté sur le fait que « toute suggestion que nous utiliserions la pandémie de COVID-19 comme une opportunité pour promouvoir l’avortement n’est pas exacte », et que tout en soutenant les soins de santé vitaux, « nous ne cherchons pas à passer outre les lois nationales ».

La lettre de l’USAID a provoqué une réaction violente des groupes pro-avortement. Le Groupe de travail inter-institutions sur la santé reproductive en période de crise, dont le comité directeur comprend plusieurs agences des Nations Unies, dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a publié une déclaration disant que le groupe « applaudit l’ONU, les gouvernements, les donateurs et tous les défenseurs de l’égalité des sexes et de la santé qui se sont engagés à inclure les services de [santé sexuelle et reproductive], y compris la contraception et l’accès à des soins d’avortement sans risque, dans la pleine portée de la loi ».

Les experts qui travaillent dans le cadre des procédures spéciales ne font pas partie du personnel des Nations Unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail afin de garantir leur indépendance. Cependant, les opinions d’experts indépendants travaillant au sein du système des Nations Unies sont fréquemment citées par les agences des Nations Unies ainsi que par des groupes d’activistes dans les pays, qui traitent souvent leurs propos avec le même degré de déférence que pour les documents négociés adoptés par consensus.

À titre d’exemple, l’OMS entretient une base de données des lois nationales sur l’avortement qui comprend également une section répertoriant toutes les recommandations sur l’avortement données aux pays par les organes de suivi des traités des Nations Unies relatifs aux droits de l’homme, ou les titulaires de mandat au titre des procédures spéciales. Lorsque cette base de données a été lancée, son objectif déclaré était « d’éliminer les obstacles auxquels les femmes se heurtent pour accéder à des services d’avortement sans risque », malgré le fait que l’OMS ne soit pas mandatée pour peser sur les lois sur l’avortement, qui relèvent de la souveraineté nationale.

L’expression « santé sexuelle et reproductive », parfois précédée de « services de », fait partie des résolutions de l’ONU depuis 1994, lorsqu’elle a été définie comme n’incluant l’avortement que lorsqu’il est légal, et avec de multiples mises en garde supplémentaires, dont l’avertissement qu’il ne devrait jamais être promu comme méthode de planification familiale.

Au cours des vingt-cinq dernières années, les gouvernements favorables à l’avortement ont tenté dans les négociations de séparer la « santé sexuelle et reproductive » du compromis de 1994, de lever les réserves et de laisser entendre un droit à l’avortement qui n’a jamais existé dans aucun accord mondial. Sous le président Donald Trump, les États-Unis ont de plus en plus demandé la suppression de l’expression, considérant que, si elle ne crée pas un droit à l’avortement, elle ne peut pas être complètement séparée de l’avortement.