La Turquie promet une lutte à l’échelle gouvernementale contre l’idéologie du genre
NEW YORK, 6 juin (C-Fam) Conformément aux priorités du président Erdoğan, le ministère turc de la Famille et des Services sociaux a exigé de ses bureaux régionaux et autres agences exécutives qu’ils adoptent une position unifiée contre les concepts de « genre », « identité de genre », « orientation sexuelle » et « LGBT ». Le ministère estime que ces terminologies sont contraires aux valeurs morales de la Turquie et qu’elles sapent les structures familiales.
Cette directive ministérielle a été émise dans le cadre de la reconnaissance de l’année 2025 comme Année internationale de la famille et prend part à une initiative plus large visant à promouvoir les politiques qui protègent et renforcent la famille traditionnelle, et « combattent les tendances nuisibles ».
« Les politiques visant à renforcer l’institution familiale doivent être mises en œuvre efficacement, car elles influencent tous les aspects de la vie et de la structure sociale », peut-on lire dans la directive.
Le ministère déplore la récente tendance des « forums et documents internationaux » à faire systématiquement référence aux notions de « genre » et « d’identité de genre , ce qui est en contradiction avec les valeurs nationales de la Turquie , « affecte négativement les institutions familiales et mine la structure des femmes, des hommes et des enfants, et donc de la société dans son ensemble ».
Le document officiel affirme que définir le « genre » comme une construction sociale peut être utilisé pour miner « la réalité biologique et entraîner la dévalorisation ou l’invisibilité des besoins des femmes et des hommes fondés sur leurs identités biologiques ».
« Les concepts de genre et d’identité de genre ont de plus en plus remplacé le terme “sexe” dans les documents internationaux. Ces concepts, considérés comme pouvant avoir un impact majeur sur la société, cherchent à définir le genre en dehors des caractéristiques biologiques et sur la base de l’auto-identification. »
Cette directive s’inscrit en continuité avec le retrait de la Turquie de la Convention d’Istanbul, un traité de 2011 sur les violences faites aux femmes élaboré avec le soutien du Conseil de l’Europe , qui faisait référence à des terminologies controversées telles que l’identité de genre et l’orientation sexuelle.
A la suite de ce retrait en 2021, le président Erdoğan avait déclaré que la convention « n’avait pas conduit au respect des droits des femmes, ni dans notre pays ni dans le monde » et que d’autres instruments nationaux étaient plus adaptés pour s’attaquer au problème de la violence domestique.
La directive mentionne également que le ministère de la Famille et des Services sociaux collabore avec d’autres organismes nationaux et institutions appropriées pour contrôler la diffusion de ces terminologies controversées sur le genre et développer des campagnes éducatives visant à faire prendre conscience à la population de leur impact néfaste sur la société.
« Ce travail vise à assurer une compréhension commune et un alignement en faveur de la protection des valeurs familiales, et à prévenir la diffusion de terminologies et de contenus incompatibles avec nos valeurs nationales et morales dans la documentation internationale et les programmes éducatifs. »
Un groupe de 85 ONG turques pro-LGBT a condamné la directive ministérielle, estimant que « l’hétérosexualité obligatoire et le régime binaire de genre étaient perpétués toujours et encore pour maintenir la position secondaire des femmes » et que le récit de la famille traditionnelle renforce « les rôles de genre assignés aux femmes, le travail de soin et l’ordre patriarcal ».
Plusieurs militantes féministes ont déclaré que cette directive violait les obligations de la Turquie découlant des traités internationaux, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). « La CEDAW reconnaît les impacts négatifs du genre sur les femmes et exige des mesures préventives », a déclaré Suzan Işbile, présidente de l’Association des femmes Rosa.
Stefano Gennarini, directeur des études juridiques à C-Fam, a clarifié les choses en disant que « la directive ministérielle ne viole pas le droit international ni la convention CEDAW. La convention CEDAW consacre des protections pour les femmes fondées sur le sexe. Elle ne mentionne même pas le mot “genre”. »
« En réalité, l’idéologie du genre menace les protections des femmes, comme l’a rappelé à plusieurs reprises la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la violence faites aux femmes, Reem Al-Saleem, dans de récents rapports », a commenté Gennarini.
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