Les hauts dirigeants du monde ignorent les festivités organisées par l’UNFPA

By Stefano Gennarini, J.D.

NEW YORK, 25 septembre (C-Fam) Les hauts dirigeants du monde entier étaient peu nombreux dans les halls rénovés de l’Assemblée générale, lors de la Commémoration d’une des conférences de l’Onu les plus importantes, puisqu’elle est à l’origine des débats internationaux sur l’IVG.

Même si le public était peu nombreux pendant toute la journée, l’événement spécial s’est conclu à minuit, alors qu’ une douzaine de délégations nationales, dont celle des Etats-Unis et de la Russie, attendaient encore de pouvoir intervenir. Le Brésil a fait entendre son indignation lorsque le président a donné la parole au Planning familial international avant de la donner aux chefs d’Etat. Le bruit court que les dirigeants se seraient vivement opposés, derrière portes closes, sur la question de savoir s’ils poursuivraient la conférence le jour d’après.

Le mouvement des droits reproductifs, conduit par le Fonds de l’Onu pour la population, a passé deux ans à organiser cet événement. Mais il n’est pas parvenu à faire venir les pays dont il espérait la présence.

Le président Obama étaient de ceux qui ne se sont pas manifestés lors de la session spéciale de ce lundi, lorsqu’on fêtait le vingtième anniversaire de la Conférence internationale du Caire sur la population et le développement. Cette conférence a rebaptisé les programmes de contrôle démographique financés par les pays riches en termes de « droits reproductifs » et obtenu un engagement des Etats à réduire leur taux de fécondité, tout en y ajoutant des objectifs de développement controversés.

Quelques chefs d’Etats présents à la conférence ont mis en évidence les défis que leur posent le développement, l’éducation et la lutte contre la pauvreté. Pour la plupart, ils ont fait peu de cas des droits reproductifs.

La présidente chilienne Michelle Bachelet, la chérie des organisations féministes, a préféré parler de l’éradication de la pauvreté et du changement climatique. L’ancienne présidente d’OnuFemmes n’a fait aucune mention des droits reproductifs.

Le président bolivien Evo Morales, dans un discours prononcé au nom du Groupe des 77, une alliance forte de 132 Etats membres, a souligné les faiblesses des accords du Caire, qui exaspèrent les militants des droits reproductifs. Il a déclaré que l’aide internationale au développement de l’Onu ne pouvait pas être soumise à des « conditions ». Les stratégies de développement « doivent être guidées par les Etats [receveurs] » et prendre en compte les « conditions, exigences et priorités » des pays en développement. Il faisait référence aux tendances des pays riches de soumettre leur aide à la condition que les pays en développement adoptent des politiques radicales, telles que l’IVG.

Si Morales faisait l’éloge de l’ agenda du Caire, il semble avoir minimisé l’importance des accords, considérés comme « tremplin » vers les Objectifs du Millénaire pour le développement, ces dernier ayant inclus la santé maternelle, mais pas les droits et la santé reproductive.

Plus de la moitié des intervenants ont souligné l’importance de la santé maternelle, un aspect de l’agenda du Caire qui n’a obtenu beaucoup de résultats concrets. Le Fonds de l’Onu pour la population et les autres agences chargées de la mise en œuvre de ces objectifs se sont trop concentrés sur la réduction du taux de natalité, en allouant les fonds à la contraception. Seule l’Afrique a maintenant un taux de natalité supérieur à deux enfant par femme, ce qui est plus lié à la culture qu’à l’accessibilité des moyens de contraception. Seules 1,8 % des femmes mariées africaines mentionnent le manque d’accès au moyens de contraception comme raison de ne pas en faire usage. Pourtant, la santé maternelle laisse trop à désirer.

Les pays d’Europe de l’est se sont plaint des défis auxquels ils font face à cause de leur taux de natalité trop bas, de leur population vieillissante, et de la raréfaction de leur population active, qui rend difficile le financement de leurs politiques sociales.

Les petits pays font face à des défi uniques.

« Le problème n’est pas la croissance de la population », a expliqué Gastone Browne, premier ministre d’Antigua et Barbuda. Les obstacles au développement pour son pays sont les relations aux institutions financières internationales. Il a également déploré les pressions exercées sur la « famille nucléaire », qu’il a qualifiée de « fondement de toutes les civilisations ».

Tous n’étaient pas du même avis.

« Nous polluons nos océans, notre atmosphères, nos villes », a décrié le président de Palau, Tommy Remengesau. « Si nos population arrêtent de croître, nous pourrons par magie améliorer les conditions [de vie] humaines, protéger les droits de l’homme, et réduire les risques de conflits régionaux. »

L’Assemblée générale n’a pas fait bon accueil au rapport polémique du Secrétaire général, préparé par le Fonds de l’Onu pour la population. Ce document fait plus mention de l’avortement que de la santé maternelle. L’Assemblée générale a simplement « pris note » du rapport, le terme le niveau de reconnaissance le plus faible. Certains Etats favorables à l’avortement ont essayé de sauver le rapport en en faisant des éloges exagérées.

Les accords du Caire sont sensés arriver à expiration cette année, mais ils ont été prolongés indéfiniment par l’Assemblée générale pour éviter de nouvelles négociations sur l’avortement et sur l’homosexualité. Les accords du Caire ne qualifient pas l’avortement ou l’homosexualité de « droit », et les pays riches craignent que de nouvelles négociations aboutissent à une perte d’importance des droits reproductifs et de la diminution du taux de natalité.