Témoignages à l’ONU de l’horreur du génocide des chrétiens au Moyen-Orient

By Rebecca Oas, Ph.D.

NEW YORK, le 29 avril (C-Fam). Détenue par des ravisseurs terroristes, une Irakienne nommée Khalia a résisté lorsqu’il lui a été ordonné d’abjurer sa foi chrétienne. Son histoire a été relatée à l’ONU cette semaine, ainsi que d’autres témoignages d’atrocités perpétrées par l’État islamique ou l’EIIL envers les chrétiens et les minorités religieuses au Moyen-Orient.

Selon les experts, 80% des actes de persécution religieuse dans le monde entier sont commis contre les chrétiens. Lors d’un événement organisé par le Saint-Siège avec la participation de CitizenGO, de Mas Libres, et de « In Defense of Christians » (IDC), des experts et des victimes ont prié la communauté internationale de tout faire pour mettre un terme à cette violence, pour apporter une aide humanitaire aux victimes, et pour garantir la liberté religieuse aux chrétiens et aux autres minorités religieuses.

Le fait que la situation ait été officiellement qualifiée de génocide est une étape importante quant au choix d’une réaction adéquate. Le mois dernier, les États-Unis ont officiellement déclaré que les actions de l’État islamique étaient génocidaires, rejoignant sur ce point le pape François et le Parlement européen. Cette décision des États-Unis est en partie due à un rapport présenté par les Chevaliers de Colomb et IDC. Rapport de près de 300 pages qui compte, parmi tant d’autres, le témoignage de Khalia.

C’est la deuxième fois qu’une telle décision a été prise par le gouvernement des États-Unis alors que le crime est actuellement perpétré, a signalé Carl Anderson des Chevaliers de Colomb à la foule présente au siège de l’ONU cette semaine. Même si les preuves sont suffisantes pour reconnaître un génocide, Anderson a souligné qu’il restait encore beaucoup à découvrir. « Il est fort probable que ce que nous savons aujourd’hui ne soit que la partie émergée de l’iceberg ».

Mgr Joseph Danlami Bagobiri, évêque nigérien, a relaté l’augmentation incessante des violences dont sont victimes les minorités chrétiennes, dans le nord du Nigeria. L’auteur de ces violences, Boko Haram, a tué plus de victimes qu’aucun autre groupe terroriste.

Les persécutions et les déplacements forcés sont un problème qui risque de balayer la communauté chrétienne qui reste en Irak, a déclaré le père Douglas Al-Bazi, un prêtre irakien qui a été enlevé et torturé. « Bientôt, nous serons si peu nombreux que fatalement le monde nous oubliera complètement ».

Carl et Marsha Mueller ont ému l’auditoire jusqu’aux larmes en racontant la bravoure et la compassion de leur fille pendant sa dure captivité par l’EIIL en Syrie. Kayla Mueller, une employée humanitaire américaine, a refusé de renier sa foi, corrigeant même l’un de ses ravisseurs qui avait supposé qu’elle avait succombé à la pression pour se convertir à l’islam.

Bahar Zndnan, une adolescente yazidie, a passé six mois et 12 jours captive de l’EIIL alors qu’elle n’avait que 13 ans. Elle et d’autres filles ont été agressées sexuellement, les femmes âgées furent tuées, tandis que les jeunes garçons yazidis furent envoyés dans des camps pour être soumis à un lavage de cerveau avant d’être formés à devenir de futurs terroristes pour l’EIIL.

L’EIIL vise à éradiquer les groupes minoritaires en attaquant les éléments les plus fondamentaux qui les unissent et définissent leur identité propre : la structure familiale et leurs sites et symboles religieux, a déclaré le Dr Elisa von Joeden-Forgey, une historienne du génocide.

Plusieurs orateurs ont exhorté le Conseil de sécurité de l’ONU à faire suivre l’affaire à la Cour pénale internationale. Le 20 avril, la Chambre des communes britannique a voté à l’unanimité la reconnaissance du génocide actuellement commis par l’EIIL. Le gouvernement britannique a jusqu’à présent refusé de donner suite à la motion. Tout comme les États-Unis, le Royaume-Uni dispose d’un siège permanent au Conseil de sécurité.

L’événement a inauguré le congrès de New York « WeAreN2016 » qui durera trois jours et qui présentera également en première « Incha Allah – sang des martyrs », un documentaire sur les chrétiens persécutés.

Traduit par Anne-Claire Foltzenlogel