Un abortif dangereux retiré en France et toujours fourni dans les pays du sud.
WASHINGTON, D.C., 17 Novembre, (C-Fam) La France a annoncé son intention de retirer du marché le médicament Cytotec en mars 2018, après le constat d’hémorragies, de ruptures d’utérus et de malformations à la naissance liées à son utilisation, hors des indications d’emploi, pour le déclenchement du travail et l’avortement. Les avocats de l’avortement ont déclaré être préoccupés de ce que la décision pouvait rendre l’avortement moins accessible en France, et diminuer son utilisation pour des avortements illégaux dans les pays en voie de développement.
En 1988, la société pharmaceutique Pfizer, basée aux États-Unis, a mis sur le marché le misoprostol sous le nom de Cytotec pour le traitement des ulcères de l’estomac. Cela comportait des avertissements qu’il ne fallait pas l’utiliser chez des femmes enceintes car il provoque des contractions utérines. Avec les années, les utilisations du misoprostol hors de son domaine d’emploi ont dépassé son objet d’origine. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) l’a inscrit pour la première fois en 2005 sur sa Liste Modèle des Médicaments Essentiels (LME), et y ajouté de nouvelles indications en 2009, 2011 et 2015, dont aucune ne concerne les ulcères. À la place, on y trouve la gestion des fausses couches, la prévention et le traitement des hémorragies post-accouchements, le déclenchement du travail, et – là où c’est légal et culturellement adapté -, l’avortement, avec le médicament mifepristone, sous « étroite surveillance médicale », même si une telle surveillance n’est souvent pas disponible dans les régions où l’OMS recommande son utilisation.
Alain Michel Ceretti, président d’un groupe d’associations de patients français, a dit au Lancet que 94% des prescriptions du Cytotec en France sont hors de son domaine d’utilisation. De plus, de nombreux médecins administrent le médicament par voie vaginale plutôt qu’orale, contrairement à ses prescriptions d’emploi, et le dosage recommandé exige de diviser les cachets en huitièmes, ce qui augmente le risque de surdosage. Les autres marques de misoprostol vendues en France dont beaucoup plus chères, et Ceretti a suggéré que les médecins prescrivent la version la plus chère, utilisent le Cytotec et « empochent la différence ».
Le lendemain du jour où le quotidien français Le Monde a raconté l’histoire, ils ont publié un article saluant le Cytotec comme un « médicament-miracle » en Amérique du sud, où l’avortement est la plupart du temps illégal et où les médicaments sont importés en secret et vendus au marché noir. Les groupes en faveur de l’avortement ont également répondu, supposant que Pfizer allait refuser de requalifier son médicament et pourrait choisir d’en cesser la production parce qu’« ils sont mal à l’aise » avec l’avortement. Ils ont ensuite exprimé l’espoir que « Pfizer limitera[it] les dégâts à la France ».
Le « deux poids, deux mesures » vis-à-vis des femmes pauvres n’est pas mentionné dans les articles, pas plus que le fait que des médecins, en France, utilisent le Cytotec hors de son domaine de prescription, c’est aux groupes de défense des intérêts des patients et aux mécanismes réglementaires d’assurer la responsabilisation et le retrait des médicaments dangereux du marché. Dans les pays en voie de développement, les femmes qui ont souffert des abortifs vendus au marché noir, administrés sous couvert des guides de l’OMS, n’ont pas de telles possibilités de recours et ne peuvent pas voir les gains des laboratoires pharmaceutiques qui les fabriquent, à la différence des victimes de France.
L’OMS n’a pas émis de réponse formelle, l’organisation a été fortement poussée à ajouter plus d’indications d’emploi du misoprostol, au lieu de les diminuer, dans sa Liste Modèle des Médicaments Essentiels, par des organisations qui promeuvent son emploi contre les hémorragies post-accouchement et pour l’avortement. En 2009, l’OMS a émis une déclaration expliquant sa décision de ne pas inscrire le misoprostol contre les hémorragies post-accouchement, pour revenir deux ans plus tard sur sa décision après un vaste plaidoyer des groupes promouvant l’avortement dont Ginuity, Population Services International, et Women Deliver.
L’inscription du misoprostol en tant que médicament essentiel assure sa large disponibilité, y compris dans des contextes où l’avortement est illégal. En 2012, l’OMS a publié un guide technique de « l’avortement sûr » présentant des instructions pour accomplir des avortements en n’utilisant que le misoprostol, ou avec du mifepristone, en y incluant des avortements tardifs dangereux.
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