Women Deliver, le congrès des Femmes riches contre les femmes pauvres
KUALA LUMPUR, 31 mai (C-FAM) Animés par leur promesse d’aider les femmes victimes de la pauvreté, plus de 3000 courtisans du pouvoir, décideurs publics et ouvriers de l’aide internationale se sont rassemblés à Kuala Lumpur cette semaine pour participer à Women Deliver, une conférence mondiale dédiée à la santé des femmes.
Une milliardaire et une princesse ont honoré de leur présence un public peuplé d’infirmières et de militants de l’eau propre, pour leur inculquer ce simple fait : tout effort tendant à aider les femmes victimes de pauvreté est secondaire par rapport à un accès à la contraception et à l’avortement.
Les droits sexuels et reproductifs sont « au cœur de la vie humaine », a déclaré la Princesse Marie du Danemark. Tant que les femmes n’auront pas obtenu le pouvoir de ne pas avoir d’enfant, elles ne pourront pas améliorer leur nutrition, cultiver du grain, ou donner naissance à des enfants dans de bonnes conditions, a renchéri Mme Gates.
« La grossesse n’est pas naturelle », a clamé Francis Kissling, ancien président de l’association Catholics for Choice.
Tous ces discours n’ont fait que mettre en lumière un peu plus de fossé apparent entre les militants des pays riches, qui réclament un droit universel à l’avortement, et les femmes des pays pauvres qui, selon les riches, devraient avoir moins d’enfants.
Les militants de l’avortement ont organisé le congrès Women Deliver pour élargir le nombre de leurs alliés et inciter les gens à réclamer à leur tour un accès garanti par l’Etat à la contraception et l’avortement. La conférence s’est déroulée au moment même où l’ONU se penche sur la définition des nouveaux objectifs qui devront succéder aux Objectifs du millénaire sur le développement.
Le premier Congrès Women Deliver de 2007 avait présenté le planning familial et l’avortement comme les solutions optimales aux morts maternelles causées par une grossesse ou une naissance. L’embarras frappait la deuxième conférence en 2010, quand de nouvelles publications remettait en question leur grave surestimation de la mortalité maternelle : soi-disant 536 000 femmes.
Les participants de la conférence de cette année se sont plaints de ce qu’aucune formation à la prévention de la mortalité maternelle n’ait été prévue, sauf dans le cadre de stages d’enseignement aux techniques abortives pour aides-soignantes.
Des millions de femmes et de filles sont isolées et stigmatisées à cause de leur manque d’hygiène féminine. Les militants de l’eau propre se sont portés volontaires pour plaider leur cause. « L’hygiène menstruelle est un droit reproductif et sexuel central », disent-ils.
WaterAid a demandé plusieurs fois aux organisateurs de Women Deliver d’aborder ce problème lors d’une session plénière. Leur demande a été ignorée.
Au lieu de cela, une salle leur a été prêtée en dehors des horaires de la conférence.
Chaque année, 4 milliards de personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, décèdent de l’exposition aux fumées toxiques des fours traditionnels. Environ 1,4 millions de décès sont à mettre sur le compte des maladies non transmissibles comme la diarrhée. La moitié de ces décès touchent des enfants. Women Deliver ne leur a accordé aucune attention.
Dans le coin Cinéma, au fond du hall des expositions, un médecin kenyan était venu de loin chercher de l’aide. Il avait réalisé un documentaire montrant comment les femmes meurent pendant l’accouchement à cause des tabous culturels et des superstitions, qui empêchent les femmes d’aller à l’hôpital pour accoucher. Aucun des responsables de la conférence n’était présent lors de sa présentation.
Pendant ce temps, Melinda Gates détaillait les progrès de sa campagne mondiale financée à hauteur de milliards de dollars dans la plus grande salle du congrès, alors que les diplomates présents se ventaient d’avoir tenu leurs promesses faites par leur pays lors du sommet de l’année dernière.
Le Sénégal remplit les étagères vides de ses cliniques de différents types de contraceptifs. Les Philippines ont voté une loi sur la santé reproductive très controversée. La loi a été déférée devant la Cour Suprême du pays. Néanmoins, e gouvernement a commencé à se fournir du matériel avant même que ma Cour publie sa décision à la mi-juin.
La campagne de Mme Gates est organisée selon un model public/privé : un achat de qualités massives de produits, la création de systèmes de distribution efficaces pour les régions retirées, et des garanties de rentrées financières grâce aux engagements budgétaires des Etats participants.
Un participant de Women Deliver a souligné que même avec un budget de 8 milliards de dollars par an affecté au planning familial, les militants en réclament toujours plus. Cependant « ils ne veulent pas le partager » avec d’autres causes. « Et ils ne voudraient surtout pas donner de la visibilité à une seule organisation qui les distrairait de [leur mission qui consiste à] élargir [l’accès à] l’avortement »
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