Au sein d’une commission sénatoriale, les démocrates remettent en cause les mesures adoptées par Donald Trump en faveur de la vie dans les pays étrangers

By Lisa Correnti | September 15, 2017

WASHINGTON, le 15 septembre (C-Fam) La semaine dernière, une commission sénatoriale américaine a adopté un amendement qui consiste à annuler toutes les mesures relatives à l’aide aux pays étrangers que le président Trump a prises pour protéger le droit à la vie. Les partisans de l’avortement affirment qu’il s’agit d’une sévère critique bipartite du président, mais il semble bien que l’objectif principal de cette démarche soit de donner du grain à moudre à la base du parti démocrate, car cette mesure n’a aucune chance d’être maintenue.

Le projet de loi sur les activités du département d’État et les autres activités à l’étranger en 2018, tel qu’il a été adopté par la commission des finances du Sénat, contient un amendement hostile du sénateur Jeanne Shaheen (élue démocrate pour le New Hampshire) qui annule l’interdiction de financer l’avortement à l’étranger, augmente les fonds alloués à la plannification familiale et rétablit le financement en faveur du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), dont le bilan est controversé.

L’amendement déposé par Mme Shaheen a été adopté de justesse (par 16 voix contre 15) grâce au soutien de deux sénateurs républicains, Susan Collins (Maine) et Lisa Murkowski (Alaska). Joe Manchin, sénateur démocrate de Virginie-Occidentale qui défend le droit à la vie, a voté contre. Le projet de loi en question porte sur le financement de la diplomatie à l’étranger,  de l’assistance humanitaire et de l’aide médicale internationale.

Au mois de janvier, le président Trump a rétabli la politique de Mexico, comme l’ont fait tous les présidents républicains depuis Ronald Reagan. M. Trump a renforcé cette politique en ne la limitant pas à la planification familiale, mais en l’appliquant à l’ensemble du financement de l’aide médicale internationale, qui représente plus 8 milliards de dollars au total. Cette décision était nécessaire étant donné que, sous la présidence Obama, le financement avait été élargi à des organisations étrangères qui pratiquent l’avortement et qui n’entrent pas dans le cadre prévu pour la planification familiale à l’étranger.

En avril, le président Trump a jugé que le FNUAP ne respectait pas l’amendement Kamp-Kasten, qui interdit de financer tout organisme ou organisation qui participe à la planification familiale forcée. Le FNUAP n’a donc pas touché les 33 millions de dollars que le Congrès lui avait affectés pour 2017 alors que la contribution versée par les États-Unis au FNUAP est l’une des plus élevées.

Mme Shaheen s’est opposée à ces deux mesures et a profité des travaux qui ont été menés la semaine dernière pour rappeler ses griefs.

Elle a déclaré que « plus de 214 millions de femmes avaient cruellement besoin de services de planification familiale ». Ce chiffre s’est révélé trompeur, car il correspond au nombre de femmes des pays en développement qui déclarent ne pas avoir recours à la contraception, y compris celles qui ne souhaitent pas y avoir recours. Seules 5 % d’entre elles affirment qu’elles ne peuvent y avoir accès.

L’amendement déposé par Mme Shaheen, s’il est définitivement adopté, rétablira le financement du FNUAP à hauteur de 37,5 millions de dollars et portera les sommes affectées à la planification familiale à l’étranger à 623 millions de dollars, soit 161 millions de dollars de plus que le montant prévu dans le projet de loi adopté par la Chambre des représentants. Cette dernière a plafonné les sommes versées pour la planification familiale au montant versé en 2006, soit 461 millions de dollars, et a mis fin au financement du FNUAP.

Mme Shaheen a déclaré que la hausse des sommes versées « permettrait d’éviter 8 % des décès maternels dus aux avortements à risque ». Ce chiffre ne correspond qu’au nombre de femmes qui ne meurent pas en couches du fait qu’elles ne tombent pas enceintes. Les détracteurs de Mme Shaheen soulignent que sa conception de la santé maternelle, fondée sur la contraception, permet de financer des cliniques d’avortement à l’étranger au détriment des soins de santé maternelle et infantile, qui sont cruellement nécessaires. La réorientation des fonds vers la santé maternelle est l’une des raisons d’être de la politique de Mexico.

« J’estime que la politique de Mexico est une bonne politique et je m’opposerai à cet amendement », a déclaré le sénateur Lindsay Graham (élu républicain pour la Caroline-du-Sud). « Nous reprenons le même débat chaque année et le résultat est toujours le même », a-t-il ajouté. En sa qualité de président de la sous-commission responsable de l’affectation des fonds aux activités du département d’État et aux autres activités à l’étranger, M. Graham a été chargé de rédiger le projet de loi et fait partie des responsables qui se réuniront pour harmoniser le projet de loi adopté par la Chambre des représentants et celui qui a été adopté par le Sénat.

M. Graham a fait observer que c’était la quatrième année que Mme Shaheen proposait un amendement visant à mettre fin à la politique de Mexico. Les années précédentes, en commission mixte paritaire, les responsables de son propre parti ont accordé la priorité financière à des besoins plus urgents, ce qui montre que ses collègues démocrates, contrairement à elle, ne considèrent pas le droit à l’avortement comme une priorité.

 

Si la commission mixte paritaire décide de continuer à financer le FNUAP, le président Trump peut s’y opposer par décret.