La gauche victorieuse et les pays en développement en position difficile à l’ONU

By Piero Tozzi, J.D.

PHOENIX, 11 mai (C-FAM) Mes collègues du Friday Fax vous affirmaient la semaine dernière que la « gauche du latex » avait été vaincue à la Commission de l’ONU pour la Population et le Développement ; que ses militants étaient repartis « les mains vides ». Je ne suis pas d’accord avec cette analyse.

La Fédération du Planning Familial International (IPPF) et ses alliés ont marqué des points. Ce qu’ils ont obtenu n’a pas force obligatoire, c’est du « droit mou », une déclaration appelant à instituer une éducation sexuelle « complète » pour les jeunes et les adolescents. La déclaration marginalise le rôle des parents, et demande une augmentation des « services de soins de santé procréative, et d’articles et provisions [de produits de santé procréative] ».

Un tel mouvement est prévu d’être financé à hauteur de 17 millions de dollars d’ici 2015. Les financements de l’ONU et des nations donatrices sont convertis en financements qui ne seront pas utilisés pour les besoins les plus pressants des pays en développement, tels l’élimination de la malaria, le développement de l’infrastructure et un accès à l’eau pure – tous ces problèmes sont reconnus au CPD, alors que les délégués se concentrent de manière disproportionnée sur les problèmes liés à la sexualité, sujet plus propre aux pays développés.

Les représentants de IPPF ont été présents pendant toutes les négociations, certains travaillant directement au service de délégations comme celle du Royaume-Uni.

Bien que les termes les plus politiquement controversés, comme « l’identité de genre », aient été retirés, des sources internes affirment que les militants avaient prévu que ces termes soient l’objet de négociations pour être retirés, le véritable objectif à atteindre plus discrètement étant l’insertion des termes « l’éducation complète à la sexualité humaine ».

De tels programmes « complets » posent problème, parce qu’ils mettent en avant une politique de « réduction des risques » au lieu d’« éviter les risques », et créent de la demande pour les préservatifs et les contraceptifs, qui sont loin d’être sûrs quand ils sont utilisés comme il le faut. Une comparaison entre des programmes de réduction du SIDA en Afrique, basés sur la distribution de préservatifs, et une politique qui consiste à « éviter les risques » – c’est-à-dire l’abstinence et la fidélité – montre la supériorité de cette dernière par rapport à la politique soutenue au plus haut niveau.

Les programmes d’éducation sexuelle « complète » marginalisent également le rôle des parents. Un paragraphe sur les responsabilités des parents appelle aussi à ce que ces derniers « ne restreignent pas l’accès des adolescents aux services appropriés » et qu’une information soit donnée aux adolescents sur leur droit à une vie privée.

Le Docteur Nanci Coppola, médecin critique vis-à-vis de telles approches, et qui anime elle-même un programme pour apprendre à « éviter les risques », remarque que « les parents devraient être les premiers éducateurs de leurs enfants [parce qu’ils sont] vulnérables ». La méthode consistant à éviter les risques, ou l’ « abstinence », couvre la prévention de base, ce qui devrait être le premier souci de tout message de politique publique en matière de santé. Les programmes de réduction des risques n’ont jamais été acceptables pour la drogue, le tabac et la violence, et ne devraient pas être acceptables pour la santé sexuelle. »

Cependant les programmes d’éducation à la sexualité et à la contraception « complets » sont poussés par des Etats qui donateurs et par les organisations non gouvernementales pour les pays en développement, de Trinidad aux Philippines. L’aide aux pays en développement est souvent attachée à des obligations, ou attribuée sous condition de respecter l’agenda culturel de la « gauche latex ».

Les dirigeants politiques des pays en voie de développement sont séduis par ces programmes d’aide, puisque ces financements déjà prêts leur permettent de distribuer leurs parrainages.

Cependant c’est un cadeau empoisonné. D’après le fonds de l’ONU pour la population (UNFPA), qui a dépensé 10,4 milliards de dollars en 2008 pour ces programmes, les pays en voie de développement ont été eux-mêmes forcés de dépenser approximativement 23 milliards de dollars – un argent qui aurait pu être alloué pour satisfaire des besoins plus urgents.                

L’application des préoccupations spécifiques à la partie du monde la plus riche – une politique de contrôle démographique dissimulée par une politique de développement « durable », un agenda sexuel libertin déguisé en prévention du SIDA – aux pays en développement aux dépends de leur problèmes propres de pays en besoin, est aussi encouragée par l’argent des fondations. Ces dernières semaines, Melinda Gates, directrice de la Fondation Gates, s’est mise au devant de la scène pour soutenir haut et fort l’agenda de la gauche Latex, en faisant son propre projet et s’inscrivant en opposition avec l’Eglise Catholique.

Cet agenda politique social n’est par ailleurs pas partagé par toute la gauche. Ces dernières années, Daniel Ortega du Nicaragua, et sa femme Rosario Murillo, de plus en plus attachés à leur foi de baptisés, se sont faits les ardents critiques de l’agenda pro avortement, le taxant d’impérialisme culturel. Dans un discours datant de 2008 où elle attaque le « féminisme de pacotille », Mme Murillo a décrié ceux qui, dans les pays riches, « préfèrent élever des animaux domestiques plutôt que des enfants, et dépeuplent… la terre ».

Le Nicaragua Sandiniste est l’exemple même d’un pays qui a pris son propre chemin dans le domaine de la politique sociale, défiant les exigences des agences onusiennes et les fondations qui font des donations visant à libéraliser l’avortement. De fait, le Nicaragua a restreint l’accès à l’avortement tout en faisant baisser le taux de mortalité maternelle – une politique qui s’inscrit en faux avec la sagesse en vigueur à l’ONU, qui semble lui préférer des politiques qui ne fonctionnent au lieu de mesures efficaces