Le spécialiste des questions LGBT à l’ONU fait ses adieux à l’Assemblée générale et propose de nouveau d’exercer une censure

By Stefano Gennarini, J.D. | November 3, 2017

NEW YORK, le 3 novembre (C-Fam) À l’ONU, le tout premier poste consacré aux questions LGBT dans le cadre des droits de l’homme est brusquement vacant, par suite du départ prématuré de Vitit Muntarbhorn, professeur thaïlandais de droit et militant LGBT, un an à peine après le début de son mandat.

« J’ai été très heureux d’exercer ce mandat, même si je dois quitter mes fonctions à la fin du mois en raison d’une maladie récurrente et pour des questions familiales », a déclaré laconiquement M. Muntarbhorn lors de la présentation de son dernier rapport devant l’Assemblée générale la semaine dernière.

En dépit du fait que, selon lui, les droits LGBT sont continuellement attaqués, il a estimé que le système des Nations Unies relatif aux droits de l’homme offrait « une lumière et un espoir qui ressemblent aux couleurs variées de l’arc-en-ciel », montrant à nouveau son penchant pour les expressions imagées.

M. Muntarbhorn s’est félicité des nombreuses initiatives qui ont été prises pour promouvoir la cause des LGBT au sein des organes de l’ONU et de la bureaucratie onusienne, notamment une déclaration commune publiée par les organismes des Nations Unies chargés des droits de l’homme et un indice d’intégration des personnes LGBTI. Il a cependant reconnu que ce programme provoquait des dissensions au sein du système des Nations Unies, ne serait-ce qu’en raison des positions très progressistes de M. Muntarbhorn lui-même et de la grande importance accordée aux questions LGBT dans tous les organes de l’ONU. En dépit de ces percées, le programme des LGBT reste contesté et l’orientation et l’identité sexuelles ne font l’objet d’aucune obligation contraignante en droit international.

« Je suis pleinement conscient des aspects controversables de mon mandat », a déclaré M. Muntarbhorn, ajoutant qu’il se consacrait actuellement à des activités limitées, « ancrées » dans le droit international des droits de l’homme et axées sur la lutte contre la violence et la discrimination.

Il a tenté de rassurer l’Assemblée générale en affirmant qu’« [i]l ne s’agi[ssai]t pas de plaider en faveur de nouveaux droits », alors qu’il n’avait pas caché son intention de promouvoir le « mariage » homosexuel à terme. Il a également proposé une nouvelle fois d’exercer une censure afin de faire taire les oppositions, en précisant que seule « l’incitation à la violence » pouvait être réprimée en droit international.

M. Muntarbhorn a déclaré que différents « organes du pouvoir » devraient être utilisés avec opportunisme comme « portes d’entrée » pour le programme des LGBT, en s’adressant à celui des trois pouvoirs (législatif, exécutif ou judiciaire) qui est le « plus progressiste » à un moment donné. Il a estimé que cette méthode permettait d’« équilibrer les pouvoirs ».

Son rapport insiste sur la dépénalisation des relations sexuelles consenties et sur l’adoption de mesures relatives à l’identité sexuelle et à la lutte contre la discrimination « visant autant la sphère privée que la vie publique ».

M. Muntarbhorn a réclamé des efforts « énergiques » pour abroger les lois discriminatoires, ainsi que des « mesures de discrimination positive ». « Les lois contre la discrimination prennent différentes formes » a-t-il expliqué. Il a insisté en particulier sur l’éducation des enfants dès le plus jeune âge et a vanté le recours aux « contes de fées » pour promouvoir la cause LGBT dans les classes.

Il y a moins d’un an, l’Assemblée générale a failli supprimer le poste de M. Muntarbhorn lors de deux votes serrés qui ont donné lieu à de vifs débats, un mois seulement après sa nomination. Si certains pays avaient voté en fonction de leur législation, le poste aurait probablement été supprimé avant d’être effectif.

Au siège de l’ONU, les questions LGBT constituent plus que jamais une pomme de discorde. Les partisans de la cause LGBT sont sur le qui-vive, car une résolution bisannuelle relative aux Jeux olympiques pourrait ne plus approuver la Charte olympique, qui a été modifiée en 2015 pour faire référence à l’orientation sexuelle.

L’ambassadrice américaine Kelley Curie s’est associée à des représentants de pays d’Europe et d’Amérique latine pour féliciter M. Muntarbhorn pour son travail. Elle a souligné que sa mission était d’une « importance cruciale » pour les États-Unis.

Au début du mois de décembre, le Conseil des droits de l’homme devrait voter à Genève pour désigner le successeur de M. Muntarbhorn.